La tête ou les jambes
Sur les conseils d’un réanimateur, qui me trouvait bien pensif cette semaine, j’ai cherché des solutions à mes questions – une fois n’est pas coutume - par le sport. Puisque la natation n’est pas ma tasse de thé actuellement, j’ai opté pour une sortie duathlon.
100 kms de vélo puis 20 kms de course à pied.
Résultats. Contrairement à d’habitude, les jambes ont bien suivi, répondant à la cadence que je voulais leurnimposer. Le parcours était sympa, vallonné, à plus de 30 km/h.
J’adore les environs qui entourent ma Ville. J’aime cette campagne, ces collines, cette nature, l'odeur du fumier qui rend si fertile cette terre. C’est peut-être ce qui me manquera le plus dans la Capitale. La couleuvre qui ne craint pas le mélanome sur le bitume brûlant. La rivière qui ne coule déjà plus, ne laissant que quelques rares flaques dans son lit asseché. Le geai qui annonce ma venue à la perdrix. J’ai aussi croisé le petit ânon que j’ai vu mettre bas il y a quinze jours, quand, interpellé par les hennissements plaintifs de sa mère (qui ne devait pas bénéficier d’une anesthésie par péridurale), j’ai assisté à la chute de cette boule de poils, encore enveloppé dans son manteau placentaire, que sa maman essayait délicatement d’enlever à coups de langue râpeuse.
Une buse a tenté de faire la course avec moi. Ou bien ne cherchait-elle qu’un morceau de chair pour assouvir son appétit ? Elle ne fut pas gâté par mes cuisses, qui, comme elle l’a sûrement remarqué, ont diminué de taille, la faute en revenant à Monsieur Rota Prénom Virus, qui a pris place dans mon tube digestif. Par son action, j’affiche un passif de – 2 kgs sur la balance.
La suite du duathlon s’est également bien passée, établissant un nouveau record sur le premier 10 kms. Mes jambes m’ont fait plaisir, se contractant quand je le demandais. En m’hydratant un maximum, j’ai évité les coups de chaleur. Et mon retour à la maison était rendu agréable par l’odeur alléchante des grillades qui n’attendaient que moi pour être dévoré. Les chauve-souris commencaient elles aussi leur repas par leurs cris incessant à la chasse aux insectes.
Mais, car il y a un toujours un mais. Les jambes étaient présentes, mais la tête était ailleurs. Plongée dans des réflexions, des tentatives de choix, des perspectives d’avenir, des plans sur la comète. Je reviens content, vidé, mais pas forcément plus à l’aise dans mes baskets.
Laissons donc faire le temps...