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De retour de Suède !
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2 août 2006

Processen att komma ut (1)

Décembre 2004. Linköping, Suède.
Je suis heureux et libre. Heureux comme je ne l’ai jamais été. Libre de tous les fardeaux qui m’enchaînent en France. Je peux enfin vivre comme je le souhaite. Avec mes sentiments et mes propres émotions, sans barrage, sans frontière. Affranchi des contraintes que je m’imposais en France.

M. m’entoure, me protège, me cajole. Il m’explique son processus interne, me convainc de faire un geste, de parler. Sans se justifier, ni s’excuser. Tout semble si simple dans sa bouche. C’est sans compter sur la mentalité scandinave, bien plus ouverte sur cette épineuse question.

Le moment tant redouté arrive bien vite. Mon frère jumeau me rend visite dans une semaine. Je me sens prêt car bien dans ma tête et dans mon couple. J’appréhende cette seconde où je vais lui confier ce secret. Mon secret. Celui que je cache depuis trop longtemps. Celui qui me ronge depuis ma majorité. Celui qui m’empêche d’être épanoui.

G. arrive mercredi. Il passera 2 jours chez moi puis on ira visiter ensemble Stockholm. J’organise son accueil, prévois un repas le premier soir avec M., D. (qu’il connaît bien puisqu’il a vécu chez nous) et A. sa belle flickvän.
M. est discret et distant, respectant mes consignes. Notre tendre kram ne laisse rien présager de nos relations intimes.
G. est sous le charme de la Suède. J’en étais sûr. Je sais ce qu’il apprécie. Je connais ses goûts, ses passions. L’ambiance Auberge Espagnole qui règne dans mon Korridor lui rappelle d’agréables souvenirs lors de son séjour en Hongrie.

Jeudi soir, rebelote. Soirée avec mes co-externes. Il fanfaronne, fait le beau, parle dans un anglais hésitant qui le rend si charmant. Les éternels questions et interrogations sur la gémellité fusent. Il s’en sort bien. M. est parfait, me laisse faire même si ses regards chaleureux mais insistants me donnent la consigne qu’il est temps.

La soirée se termine. M. part, en me susurrant à l’oreille les mots que je souhaite entendre et dont il a le secret. Il me fait confiance, me donne confiance aussi.

Je me retrouve enfin seul avec G. Il est enchanté de ses premières journées en Suède, il me jalouse de pouvoir vivre cette expérience si riche. Le moment est venu. Je commence, hésitant, balbutiant quelques banalités. Je lui explique que je suis l’homme le plus comblé actuellement. Satisfait de ma vie comme je ne l’ai jamais été. Car j’en enfin trouvé chaussures à mon pied. Mais celui-ci ne s’appelle pas Maria. Mais M. Et c’est un homme.
Silence lourd, long, pesant.

Les larmes lui viennent. Il me dit de ne rien rajouter, qu’il a compris. Qu’il est choqué, déçu, outré, dépité. Que tous ses rêves s’écroulent. Que notre famille sera blessée à jamais.
Et que je ne suis plus son frère.
Il part le lendemain, sans un mot.

...

A Noël, c’est la soupe à la grimace. J’en tenté un mail et un appel avant mon retour. Rien, pas de réponse. Pas de signe de vie.

Je sais que j’ai mal agi. Que j’aurais dû mûrement réfléchir à mes mots. Que je n’aurais jamais dû lui avouer à l’étranger, loin de chez lui, sans porte de sortie, sans lieu pour s’enfuir.

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Commentaires
E
Cre > J'ai appris à comprendre que le choix du lieu et des mots sont importants. La façon de le présenter, l'approche faite en amont, l'angle de vue.<br /> Je regret vraiment de l'avoir fait en Suède. Cela aurait pu attendre comme pour le reste de ma famille. Attendre que je sois indépendant, heureux et libre.<br /> Pour les endroit glauques, je ne vais pas me réjouir en sachant que tout gay qui se respecte y est passé un jour... Surtout que ce sont sur ce parking que j'ai vu certains patients, que j'ai compris comment les gays pouvaient avoir autant d'IST, etc...
C
Je ne vais pas apporter ma (maigre) pierre à l'édifice, mais Mlle Gazou a dit les choses comme je les pense.<br /> J'ai du mal à comprendre comment le choix du lieu de ton Coming-out peut te porter préjudice. Tu aurais attendu les vacances de Noël que ça n'aurait pas changé grand-chose. D'ailleurs, je connais le contre-exemple de cette théorie...<br /> <br /> Les endoits glauques et sales, il y en a partout, et on est tous passé par là, alors pas de quoi en avoir honte...
E
Très belle citation.<br /> Très beau pays la Finlande, même si leur langue est vraiment une sinécure.<br /> Je sais bien que les relations à distance sont difficiles mais renforcent un couple.<br /> M. a décidé de mettre un terme à notre aventure avant mon retour. Rationalisme scandinave. Tu dois comprendre.<br /> Depuis, j'y suis retourné en juin dernier. Je l'ai eu téléphone. Mais on ne s'est pas vu. Il a déménagé, vit à Stockholm, a un nouveau petit ami (dentiste) et ils sont heureux. Il ne répond plus à mes mails. Mais c'est peut-être mieux ainsi.<br /> Je vais tenter de retourner en Suède en septembre si j'ai le temps (et l'argent) car j'y ai gardé de nombreux contacts. Et ce pays me manque tellement.<br /> Nostalgie...<br /> Stor kramv !<br /> E.
M
C'est vrai qu'on est différent quand on est à l'étranger, loin de toutes les contraintes qui nous pèsent habituellement. On se sent libre. Je suis en Finlande en ce moment, et j'adore cette sensation de liberté, personne ne me connaît, personne ne me juge... la seule différence avec toi, c'est que mon coeur est en France.<br /> Questions indiscrètes... As-tu revu M. ? es-tu retourné en Suède ? Bon tu n'es pas obligé de répondre, je vais aller lire ton blog, mais il semble bien dense !! :-)<br /> Juste une dernière chose, une citation que je voulais te retrouver ; elle aurit été plus à sa place dans un de mes commentaires précédents mais je ne m'en souvenais plus exactement. Là voilà.<br /> <br /> "J'ai voulu vivre pendant des années selon la morale de tous. Je me suis forcé à vivre comme tout le monde, à ressembler à tout le monde. J'ai dit ce qu'il fallait pour réunir, même quand je me sentais séparé. Et au bout de tout cela, ce fut la catastrophe. Maintenant j'erre parmi des débris, je suis sans loi, écartelé, seul et acceptant de l'être, résigné à ma singularité et à mes infirmités. Et je dois reconstruire une vérité - après avoir vécu toute ma vie dans une sorte de mensonge." Carnets, d'A. CAMUS.<br /> <br /> Amicalement
E
Mlle Gazou > Bien d'accord avec toi sur les lieux glauques. Et bien sur que j'ai vécu quelque chose de fort en Suède. mais c'était en Suède. Une autre culture, un autre Esculape, une autre vie, un autre Moi. Un environnement différent, pas de famille, pas de pression sociale, professionnelle. Je n'ai jamais ressenti de bien-être comme là-bas. Jamais.<br /> Alors, j'ai l'impression que j'étais heureux en Suède, non pas à travers ma sexualité, mais car je découvrais un monde nouveau.<br /> Ici, chez moi, rien ne me fait sourire.<br /> <br /> Chondre > C'est injuste. C'est irrémédiable. Mais ca fait toujours mal. Que faire ? Fuir...<br /> J'ai cru comprendre que tu avais toi aussi quelques blessures à cause de cela. En guérit-on ?
De retour de Suède !
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