Processen att komma ut (1)
Décembre 2004. Linköping, Suède.
Je suis heureux et libre. Heureux comme je ne l’ai jamais été. Libre de tous les fardeaux qui m’enchaînent en France. Je peux enfin vivre comme je le souhaite. Avec mes sentiments et mes propres émotions, sans barrage, sans frontière. Affranchi des contraintes que je m’imposais en France.
M. m’entoure, me protège, me cajole. Il m’explique son processus interne, me convainc de faire un geste, de parler. Sans se justifier, ni s’excuser. Tout semble si simple dans sa bouche. C’est sans compter sur la mentalité scandinave, bien plus ouverte sur cette épineuse question.
Le moment tant redouté arrive bien vite. Mon frère jumeau me rend visite dans une semaine. Je me sens prêt car bien dans ma tête et dans mon couple. J’appréhende cette seconde où je vais lui confier ce secret. Mon secret. Celui que je cache depuis trop longtemps. Celui qui me ronge depuis ma majorité. Celui qui m’empêche d’être épanoui.
G. arrive mercredi. Il passera 2 jours chez moi puis on ira visiter ensemble Stockholm. J’organise son accueil, prévois un repas le premier soir avec M., D. (qu’il connaît bien puisqu’il a vécu chez nous) et A. sa belle flickvän.
M. est discret et distant, respectant mes consignes. Notre tendre kram ne laisse rien présager de nos relations intimes.
G. est sous le charme de la Suède. J’en étais sûr. Je sais ce qu’il apprécie. Je connais ses goûts, ses passions. L’ambiance Auberge Espagnole qui règne dans mon Korridor lui rappelle d’agréables souvenirs lors de son séjour en Hongrie.
Jeudi soir, rebelote. Soirée avec mes co-externes. Il fanfaronne, fait le beau, parle dans un anglais hésitant qui le rend si charmant. Les éternels questions et interrogations sur la gémellité fusent. Il s’en sort bien. M. est parfait, me laisse faire même si ses regards chaleureux mais insistants me donnent la consigne qu’il est temps.
La soirée se termine. M. part, en me susurrant à l’oreille les mots que je souhaite entendre et dont il a le secret. Il me fait confiance, me donne confiance aussi.
Je me retrouve enfin seul avec G. Il est enchanté de ses premières journées en Suède, il me jalouse de pouvoir vivre cette expérience si riche. Le moment est venu. Je commence, hésitant, balbutiant quelques banalités. Je lui explique que je suis l’homme le plus comblé actuellement. Satisfait de ma vie comme je ne l’ai jamais été. Car j’en enfin trouvé chaussures à mon pied. Mais celui-ci ne s’appelle pas Maria. Mais M. Et c’est un homme.
Silence lourd, long, pesant.
Les larmes lui viennent. Il me dit de ne rien rajouter, qu’il a compris. Qu’il est choqué, déçu, outré, dépité. Que tous ses rêves s’écroulent. Que notre famille sera blessée à jamais.
Et que je ne suis plus son frère.
Il part le lendemain, sans un mot.
...
A Noël, c’est la soupe à la grimace. J’en tenté un mail et un appel avant mon retour. Rien, pas de réponse. Pas de signe de vie.
Je sais que j’ai mal agi. Que j’aurais dû mûrement réfléchir à mes mots. Que je n’aurais jamais dû lui avouer à l’étranger, loin de chez lui, sans porte de sortie, sans lieu pour s’enfuir.