Semaine de la chance
Il faut apprécier ces rares moments où tout semble aller mieux, où la Bonne Etoile vous protège, où tout ce que vous entreprenez réussit.
Pendant une semaine, je suis en vacances. Pas de gardes mouvementées (dont une refusée hier – une première ! – pour un arrêt maladie imprévu), pas de patientes exigeantes pour leurs soins mais pas pour elles-mêmes, pas de chefs caractériels. Pas de voyage prévu non plus, même si l'air de la montagne m'aurait fortifié.
Le temps pour moins de faire une cure incroyable de sommeil, au détriment de visiter ce monde inconnu.
De faire du sport aussi. Vélo sous la pluie/neige/grêle. Course à pied diurne. Et natation pendant les rush hours aux Halles. Et se rendre compte que le niveau a bien baissé, puisque les premières crampes se font sentir dès le 20° kilomètres de vélo. On verra bien ce que Lulu, aux anecdotes croustillantes sur le milieu du triathlon, en pensera ce dimanche...
Le temps pour moi aussi de signer le bail de mon nouvel appartement. De parapher aussi les chèques qui l’accompagnent. J’en suis satisfait (proche d’une piscine et d’un Bois) même si sa visite n’aura duré que 2 minutes et trente secondes montre en main et que, par essence, de mauvaises surprises m’attendent.
La recherche fut longue et infructueuses : les taudis à 750 €, sans électricité dans la cuisine, font légion à Paris. Les propriétaires hargneux aussi, refusant de négocier quand ils se rendent compte que le futur locataire n’est « qu’un fils de prolétaires ». Plus je vis à Paris, plus je m’aperçois que les différences pauvres/riches sont criantes, plus mon héritage politico-familial de gauche refait surface.
Le départ de notre colocation est à ses balbutiements mais je sais déjà qu’HellCat va me manquer (ses bons plats aussi, son côté maternante également). Je vais pouvoir tout de même expérimenter une courte période la vie d’un couple à trois.
Le temps pour moi enfin de changer d’orientation. Ce premier stage en gynécologie n’a pas été à la hauteur de mes espérances. Est-ce de ma faute ? De la faute de l’hôpital ? Du système de santé ? De Paris ? De mon « renouveau » ?
Les raisons qui m’ont poussé à choisir cette spécialité sont-elles bonnes et justifiées ? N’est-ce pas seulement une conjoncture d’évènements heureux qu m’ont conduit à cet internat ?
J’ai découvert la gynécologie au travers de mon job d’étudiant en tant qu’aide opératoire dans une clinique privée. La "révélation" a eu lieu en Suède, lors de mon séjour à Linköping. N’ai-je pas seulement aimé de soigner les femmes car, à ce moment-là, je me sentais bien, heureux, cool dans mes shoes et libre ?
N’est-ce pas le désir de paternité qui me pousse à m’intéresser à la science de la procréation ?
Et n’est-ce pas mon incapacité à vivre ce que je suis qui m’empêche de soigner des hommes ?
Toujours est-il que je souhaite migrer vers plus de chirurgie. Six mois dans un service d’urologie, chez des mandarins mégalomaniaques, des chefs arrivistes et des co-internes carriéristes.
Enfin, on ne peut parler de semaine de la Chance, sans évoquer le retour à une vie sexuelle. Après près de six mois d’abstinence involontaire, au point que les corps caverneux se fibrosaient et que les vésicules séminales s’atrophiaient, une rencontre - sur le net après de multiples refus -plus que sympa, mais à mon avis sans lendemain, avec un ... médecin. Je n’avais jamais expérimenté un confrère. Ca fait du bien d’être câliné, mais, si j’ai su lire entre les lignes, il souhaite plutôt une relation de cousin machin©. No way...