Semaine suédoise

12 novembre 2004

Samedi : toute la journée à l'hôpital avec Madame le Docteur E., une gynécologue qui ne travaille que 48 H dans le mois - le reste du temps, elle est fermière en plein milieu de la Suède. Super sympa, anglophone, germanophone, suèdophone (j'ai vraiement fait des progrès) pour une garde qui s'avèrera être busy... Toutes les patientes en salle d'accouchement ont une complication : pré-éclampsie, infections à Herpes, S.G.B., diabète, M.A.P.... En plus se rajoute une césarienne en urgences (j'ai assuré par ma dextérité à extraire le bébé) après une tentative de Vacuum Extraction infructueuse... Plus 5 consultations aux urgences pour des douleurs abdominales liées à des dysménorrhées, une patiente qui revient car elle a toujours du sang dans son utérus après sa C-sectio d'il y a une semaine... En gros, une journée bien occcupée sans penser à s'ennuyer ! Je finis à 18 H alors que je suis invité à une soirée Halloween chez un couple d'étudiants en médecine à 17 H... J'arrive comme un prince et fais très bonne impression... Soirée très agréable qui se termine à 3 H du matin où je fais la connaissance d'une fille qui adore ma Ville car elle était Érasmus ici il y a 3 ans et veut y retourner après son Internat suédois ! Quand je pense faire le contraire !!!!

Dimanche tranquille. Je suis invité pour le dîner à 16 H chez S., mon swimming-partner polonais, avec cuisine que je considère, à la "russe". C'est bon, cela a du goût, mais tu sais pas ce qu'il y a à l'intérieur !

Bilan du week-end donc largement positif !

En plus, j'ai bien parlé avec N., une des mes room-mates à propos de l'accueil des étudiants scandinaves (elle a vécu 1 an aux U.S.A. et connait ce que c'est d'être étranger). Elle me dit que cette accueil est typiquement nordic et rien ne peut changer... Il faut un minimun de 6 mois voire un an pour commencer à être accepter... J'envisage donc de revenir après mon Internat ... de gynécologie peut-être !

Lundi, de dagjour avec mycket patientes dontt une refuse ma présence et une autre refuse d'être touché par un homme ! Malheureusement, le médecin reste clair sur ce point et est intransigeant : pas de discrimination sexuelle à l'hôpital.

Ce qui rend cette discipline intéressante, c'est l'éventail des situations auxquelles les gynécologues sont confrontés. L'approche psychologique est primordiale et je découvre qu'à l'opposé de la joie des nouveaux parents, on peut aussi rencontrer la détresse des femmes lors des fausses couches.

Au moment de partir, opération en urgence à 16 H pour une torsion d'annexes (de la taille d'un utérus gravoide !). Mon anesthésiste était D. (que je n'avais pas vu depuis l'anniversaire de sa copine) et le soir on a été faire un match de squash pour qu'il me mette une raclée et arrête de déprimer. Ce qui est le cas de la plupart des Suédois car il fait trop souvent nuit, alors que moi je suis super content et positif ! Il faut voir le bon côté des choses et tourner cette probl'ematique dans l'autre sens : on est toujours à l interieur, où il fait chaud avec plein de lumiere... artificielle !

Mardi c'est un vrai temps de Toussaint stéphanois avec brouillard à se perdre à 1 mètre... On me dit qu'il neige chez vous, vous en avez de la chance !

Je suis au bloc toute la journée avec une chirurgienne géniale B. (2ème mariage, 6 enfants) qui n'a pas cessé de me répéter que l'équipe de gynécologie me verait bien interne chez eux... Que de compliments, ce qui n'est pas coutumier ! S'enchaînent dans la journée myomectomie, hystérectomie + S.O.E., vulvectomie et curage ganglionnaire, fistule anovaginale.

J'apprends qu'ici les gynécologues n'opèrent pas les seins, ceci reste réserver aux chirurgiens endocrinologues qui s'occupent aussi des thyroides. Bizarre !

Mercredi , je suis dans le service de B.D.R. ou I.V.F. où se mêlent prouesses techniques et émotions devant la détresse des couples infertiles. Le couple qui me touche le plus concerne un cas d'azoospermie : le père a fait le deuil de sa stérilité définitive pendant près d'un an avant d'accepter un don anonyme.

Puis, je suis l'après-midi en salle d'échographie morphologique avec Leif (prononcez Life, pas mal pour un obstétrique !) d'origine danoise. Les images sont magnifiques de précision : on "imagine" vraiment le futur bébé. Je découvre aussi qu'il existe un produit de contraste pour les échographies, à base de galactose.

À 20 H 30, direction Flamman Pub & Disco pour la soirée internationale des med students, soit 5 personnes (Chine, Allemagne et Lituanie). Que des filles bien sûr ! On remet ca mercredi prochain pour plus se connaître. Ensuite, je reste avec des gens de ma promo pour une très bonne soirée. Logeant à Flamman, l'entrée est gratuite, le burger est à demi-tarif, comme la bière donc c'est parfait !

Je rencontre aussi des francais (avec le style grunge, je sais de suite qu'ils ne sont pas suédois), ce qui faisait un bail ! Et que de déceptions ! Elle est professeur (bad) de francais (v. bad) d'origine parisienne (v.v. bad) ; lui est étudiant (good) pas en médecine (bad) de Lyon (v.v. bad). Ils commencent d'entrée à me charrier (mauvais point pour eux), à parler exclusivement en francais alors que les autres ne comprennent rien (bad) et ne comprennent pas pourquoi je sors si peu et ne connaissent pas par coeur le nom des bières et des night-clubs (v.v. bad - eux n'ont pas de gardes, c'est sûr). En 10 minutes, je suis repu de la France !

Jeudi 11 Novembre pas de jour férié car la Suède était "neutre" pendant les deux Guerres Mondiales...

Je suis en gyn-onkologie pour PIN (palpation i narkos : palpation sous A.G.). C'est une très bonne expérience pour m'améliorer pour les V.U. (vaginal undersökning) et V.R.U. (vaginal och recktal undersökning). Les diagnostics sont la plupart aussi pessimistes : le dernier est une récidive extérieur d'un carcinome utérin avec tissu nécrotique. Pour détendre l'atmosphère, l'oncologue nous sort une petite blague : "Alors, là, ca sent vraiment le cancer !"

Le soir, je suis convié par ma famille d'accueil à un match de hockey sur glace opposant la Suède à la Russie pour la Baltika Cup. Les Suédois gagnent 2 à 1 dans un Cloetta Center tout acquis à leurs causes. C'est bien de voir un match international (c'est chèr aussi : 240 SKR la place la moins chère) mais cela est beaucoup moins émouvant quand ce n'est pas la France. Se mettre debout pour l'hymne suédois ne me fait aucun effet... Je suis pas encore tout à fait suédois !

Vendredi, le basgruppe est d'humeur très dynamiuque : on arrive enfin à se décider pour notre repas "spécial France" avec, je pense, escargots, quiches et gratin... Ce sera le 16 Décembre.

On parle de ménopause lors de cette réunion puis hyperctivité infantile. J'apprends que les gifles sont interdits en Suède et que pour cela tu peux aller en prison. Est-ce la même chose en France ? Question spéciale pour la Jur(l)iste.

Puis, je suis de garde avec un narkosläkare (T., le mari de P., l'interne de pédiatrie) pour une soirée trÈs occupée : perforation duodénale, diverticulite, paracentèse chez un enfant de un an (par un médecin allemand parlant le suédois à peu près comme moi), fracture du col du fémur, luxation de P.T.H., abcès périanal de priorité 2 (les urgences sont classées en 5 catégories, la première étant l'urgence vitale. Un abcès noté 2 signifie que le chirurgien veut se coucher tôt), hématome pariétale, reprise d'un méningiome frontale, césarienne plus prise en charge des malades de réanimation ! C'est très ineteressant mais je me sens à ma place plutôt en tant que chirurgien qu'anesthésiste. Pour la première fois, je vois un médecin pester contre l'équipe infirmière, jugée selon lui lente et fainéante.

Je finis à 23 H par un repas japonais (une première) et je n'ai pas trouvé les sushis et autres aliments crus super épicés délicieux.

Anecdotes :

Je trouvais que les voitures en Suède faisaient beaucoup de bruit. Je viens de me rendre compte que cela est dû aux pmneus cloutés !

À Willy's, où je fais mes courses, je viens de découvrir que les sacs sont payants (ce n'est pas noté) : 1,5 SKR par sac plastique.

Posté par Esculape à 17:49 - Commentaires […] - Permalien [#]